Diabète: une double révolution annoncée en 2018!
Lecteur de glycémie sans aiguille et arrivée d'un pancréas artificiel sont les deux nouveautés de l'année pour les diabétiques.
L’enjeu
Une personne diabétique insulino-dépendante a besoin de contrôler plusieurs fois par jour son taux de sucre sanguin, qui
varie en fonction de ses activités physiques et ses apports alimentaires: c’est indispensable pour adapter la dose d’insuline à apporter au corps et stabiliser la glycémie. Des contrôles contraignants et pas toujours faciles à réaliser. En France, 200 000 personnes sont concernées.
• Deux nouveautés
1) Être insulino-dépendant et vivre (presque) comme tout le monde sera désormais plus facile avec la généralisation en 2018 du lecteur de glycémie sans aiguille Freestyle Libre: le simple passage de l’appareil sur un petit capteur autocollant placé à l’arrière du bras suffit pour connaître précisément le taux de glucose et adapter le traitement.
Le remboursement par la Sécurité sociale, obtenu en juin 2017, permet désormais d’équiper plus facilement les patients pour mieux contrôler la maladie tout au long de la journée. Une révolution dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences: la fin des piqûres favorisera la multiplication des mesures et un ajustement plus précis des dosages d’insuline, donc moins de complications.
2) Le début de l’année 2018 voit aussi l’arrivée de Diabeloop, le premier "pancréas artificiel". Ce système, développé en France en 2011, comprend un capteur de glucose sans aiguille qui relève en continu le taux de glycémie et transmet ces données en Bluetooth à un smartphone. Celui-ci, doté d’un algorithme personnalisé, calcule alors les besoins en insuline du patient et les communique à une pompe-patch miniature, qui envoie la bonne dose. Le patient n’intervient que pour donner au système des informations (repas particulier, activités sportives...) permettant d’ajuster le traitement. Des experts infirmiers réceptionnent, en temps réel, les données pour réagir en cas d’anomalie. Pour les diabétiques insulino-dépendants, c’est la fin des contrôles réguliers de la glycémie, des injections à répétition et des hypoglycémies nocturnes. La limite du système: son prix, pas encore fixé, et pas de prise en charge par la Sécurité sociale espérée avant 2019.
Diabète de type 1 :
une greffe permet d’arrêter l’insuline,
selon une étude grenobloise
Bonne nouvelle pour les malades atteints de diabète de type 1 ! Une récente étude nationale, pilotée par le Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (Chuga), démontre que les patients greffés d’îlots pancréatiques, unité anatomique comprenant les cellules sécrétrices d’insuline, retrouvent un très bon contrôle de leur diabète. Mieux : ils ne présentent plus aucune hypoglycémie et environ deux tiers d’entre eux arrêtent complètement l’insuline !
Première recherche clinique mondiale, randomisée et contrôlée, le projet hospitalier Trimeco a impliqué, de juillet 2010 à juillet 2017, 50 patients porteurs d’un diabète de type 1 instable ou d’un greffon rénal insuffisamment équilibré. Ses résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique “The Lancet Diabetes & Endocrinology”.
« Le Chuga développe cette thérapeutique depuis environ 20 ans, explique le Pr Pierre-Yves Benhamou, responsable du service d’endocrinologie-diabétologie et maladies de la nutrition. Elle s’adresse à des patients qui ont un diabète de type 1 extrêmement instable et impossible à traiter avec les moyens conventionnels (insuline par injection ou pompe). Lorsqu’on n’arrive pas à équilibrer cette instabilité et que la maladie devient ingérable au quotidien, avec une grosse altération du confort de vie, une transplantation peut être envisagée. »
La technique innovante consiste, détaille le Pr Benhamou, à « prélever les cellules saines de pancréas sur des donneurs d’organes décédés pour en extraire les îlots qui fabriquent l’insuline, avant de les réinjecter chez le patient, sous couvert d’un traitement antirejet, immunosuppresseur, à prendre à vie tant que la greffe marche. »
Un gain précieux de qualité de vie pour les malades souffrant de formes sévères de diabète de type 1
L’étude Trimeco démontre que, six mois après la transplantation, 84 % des receveurs présentent un excellent contrôle glycémique sans survenue d’hypoglycémie sévère, alors qu’aucun des patients restés sous traitement insulinique n’obtient de telles améliorations.
Aussi, 58,7 % des receveurs ont pu arrêter leur prise d’insuline un an après la greffe.
Un gain précieux de qualité de vie pour les malades souffrant de formes sévères de diabète de type 1. Et ce, malgré des événements indésirables liés à la technique : des hémorragies survenues au cours de la procédure de transplantation (sur 7,3 % des injections d’îlots) et des complications classiques causées par le traitement immunosuppresseur (troubles digestifs, infections et altération de la fonction rénale).
« Au Chuga, on propose cette thérapie de transplantation d’îlots pancréatiques à une dizaine de patients chaque année, précise le Pr Pierre-Yves Benhamou. Inscrits sur une liste d’attente, ils peuvent espérer une greffe dans un délai d’un à deux ans. Une période qui pourrait être raccourcie si on arrivait à mieux organiser les prélèvements d’organes en France. »
Après la publication de ces résultats très probants, « nous allons déposer un dossier au ministère de la Santé pour que cette thérapeutique soit prise en charge en routine dans les années qui viennent », annonce le Pr Benhamou. Un agrément qui permettra le remboursement de cette greffe par la Sécurité sociale.
Par Amir ELGHOUL | Publié le 09/05/2018 à 06:05